Du potentiel du didactisme en architecture / On the Potential of Didacticism in Architecture

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L A B O R ATO I R E D ’ É T U D E D E L’ARCHITECTURE POTENTIELLE CAHIERS DE RECHERCHE RESEARCH NOTEBOOKS

LEAP

D U POTEN TI EL D U DIDACTI SM E EN ARCH I TECT URE

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ON THE POTEN TI A L OF DI DAC TI CI SM IN A RCH I TEC T URE


Publié en février 2019 par Potential Architecture Books T2 – 511 Place d’Armes, H2Y 2W7, Montréal (Québec), Canada www.potentialarchitecturebooks.com Aucune partie de ce livre ne peut être utilisée ou reproduite sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas de critiques de livre. Toutes les vérifications raisonnables et nécessaires ont été faites afin d’identifier les titulaires des droits d’auteur. Toutes erreurs ­ou omissions dans cet ouvrage seront corrigées dans les prochaines éditions. © Laboratoire d’étude de l’architecture potentielle (LEAP) LEAP-ARCHITECTURE.ORG La Loi sur le Droit d’auteur indique que l’utilisation équitable d’une œuvre ou de tout autre objet du droit d’auteur aux fins d’étude privée ou de recherche ne constitue pas une violation du droit d’auteur. L’utilisation équitable d’une œuvre ou de tout autre objet du droit d’auteur aux fins de critique ou de compte rendu ne constitue pas une violation du droit d’auteur à la condition que soient mentionnés : d’une part, la source, d’autre part, si ces renseignements figurent dans la source : dans le cas d’une œuvre, le nom de l’auteur (Loi sur le Droit d’auteur C-42, art. 29 et 29.1). Avis important : Sauf indication contraire, les photographies d’édifices et tous les documents de projets présentés dans ce livre proviennent d’archives professionnelles ou institutionnelles. Toute reproduction ne peut être autorisée que par les architectes, concepteurs ou les responsables des bureaux, consortiums ou centres d’archives concernés.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada Titre: Du potentiel du didactisme en architecture / sous la direction de Carmela Cucuzzella et Cynthia I. Hammond = On the potential of didacticism in architecture / edited by Carmela Cucuzzella and Cynthia I. Hammond. Autres titres: On the potential of didacticism in architecture Noms: Cucuzzella, Carmela, 1962- éditeur intellectuel. | Hammond, Cynthia Imogen, 1969- éditeur intellectuel. Description: Comprend des références bibliographiques. | Textes en français et en anglais. Identifiants: Canadiana 2019005008XF | ISBN 9781988962030 (couverture souple) Vedettes-matière: RVM: Communication en architecture. | RVM: Architecture et société. | RVM: Architecture—Philosophie. | RVM: Sémiotique et architecture. Classification: LCC NA2584 .D8 2019 | CDD 720.1—dc23

Direction artistique, conception graphique, relecture et révisions : Cindy Colombo Révision linguistique : Lucie Palombi


L a b o r at o i r e d ’ é t u d e d e l’architecture potentielle Cahiers de recherche Research notebooks

LEAP

D u POTE N TI E L D u DIDACTI SME EN ARCH I TECTU R E

O N T HE POTE N TI A L OF DI DACTI CI SM IN A RCH I TE CTU R E

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Numéro coordonné par Carmela Cucuzzella, Cynthia Imogen Hammond, Chanelle Lalonde et Sherif Goubran


Table des matières 010

014

018

Du didactisme en architecture: politique, poétique, paradoxes

Carmela Cucuzzella et Cynthia Imogen Hammond

On Didactism in Architecture: Politics, Poetics, Paradoxes

Carmela Cucuzzella and Cynthia Imogen Hammond

Le didactisme et les politiques de l’espace Didacticism and The Politics of Space

020

Du didactisme en architecture: quelques réflexions sur le langage architectural

026

Architecture and Art for the Public Realm: An Eco-Didactic Turn

036

044

Louise Pelletier

Carmela Cucuzzella

Illuminations: Didacticism on the Move

Cynthia Imogen Hammond

Amphibious Architecture: Didactic Devices in a Dialectic Space

Chanelle Lalonde


046

La poétique du déchiffrement The Poetics of Decoding

048

Architecture, territoire, indexicalité

054

Didactique du templum

060

La bibliothèque Marc-Favreau : intentions et déchiffrement

068

Denis Bilodeau

Pierre Boudon

Louis Martin

Didactisme et… réception Alessandra Mariani


070

072

080

Pédagogie et paradoxe Pedagogy and Paradox Ce que l’architecture des écoles d’architecture nous apprend de la critique Jean-Pierre Chupin

Au sujet de ceci et de cela : l’architecture non neutre

Anne Cormier

086

Constructing Medical Education in Canada in the Era of Chronic Disease

092

L’aire ouverte à l’école : un espace restrictif?

Philippe Saurel & David Theodore

Alexandra Paré


094

096

104

Du didactisme à la dialectique From Didacticism to Dialecticism Exposer l’architecture et le design : entre plaisir et instruire Georges Adamczyk

God and his World: The Architecture of the Christian Pavilion at Expo 67

Nicola Pezolet

112

The Teshima Art Museum: A Topo-art-graphy Didactic Device

114

Self-perception, Determinism, Didacticism

Mandana Bafghinia

Sherif Goubran




Du didactisme en architecture : politique, poétique, paradoxes Carmela Cucuzzella et Cynthia Imogen Hammond

La troisième édition de la série Cahiers de recherche du LEAP Notebooks est consacrée au didactisme dans les domaines de l’architecture, de l’art public et du monde urbain.

Le potentiel didactique de l’architecture a une longue histoire d’exploration et de débat. Ce potentiel multiforme et souvent controversé situe immédiatement la question du langage au premier plan: comment l’architecture parle-t-elle? La réponse est qu’elle parle tout le temps, par des langages fonctionnels, structurels, matériels, formels, techniques, typologiques1, entre autres, via les registres sémiotiques d’icônes, d’index et de symboles2. Alors, que dit l’architecture? L’environnent bâti regorge d’objets et de bâtiments conçus de manière didactique dont certains sont très explicites, et d’autres moins explicites, plus mystérieux, voire même

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Introduction

contradictoires. Cet assortiment de lisibilité rappelle le spectre entre le didactisme, dans lequel quelque chose est signalé avec l’intention de convaincre, et la dialectique, dans lequel la possibilité qu’il y ait plus d’un point de vue est saisie3. Même si les architectes ne souhaitent pas que leurs designs soient lisibles de manière simpliste, il est toutefois vrai que chaque objet conçu émet une variété de messages à l’usager, au client, ou au public. Mais comment est utilisé ce pouvoir4 ? En art, le didactisme soulève des questions similaires. Une œuvre qui vise à communiquer clairement et directement risque d’être critiquée pour son caractère trop littéral, ou pire, d’être recatégorisée en tant que propagande. Et pourtant, le moment où l’art perd son spectateur est le moment où ce dernier se dit : « Je ne comprends pas ». Ce qu’il ne comprend pas est le message, le point, la raison

pour laquelle on continue de regarder l’œuvre – peut-être même la raison pour laquelle on choisit d’adopter une mesure qui était auparavant impensée. Quel est le pouvoir de « parler » de l’art et l’architecture dans le domaine public? Et comment ce pouvoir pourraitil influencer des enjeux sociaux, culturels, politiques, écologiques, pédagogiques, et économiques? Est-ce que le didactisme devrait toujours être reçu avec méfiance, comme ce qui est motivé ou rejeté pour son caractère utopique? Bref, quelle est la valeur du didactisme dans la ville contemporaine? Ce sont quelques-unes des questions qui nous ont conduits au sujet « Du didactisme en architecture » pour le troisième séminaire annuel du LEAP. Le troisième séminaire annuel du LEAP a eu lieu à l’Université Concordia le 7 avril 2018. Cette journée a réuni dix chercheurs, sept doctorants et deux étudiants à la maitrise affiliés au laboratoire LEAP. Les chercheurs


affiliés au LEAP ont présenté des articles sur divers sujets qui ont été divisés en quatre sessions. Les thèmes qui sont ressortis ont ensuite façonné l’organisation de ce cahier. Les professeurs Louise Pelletier (UQAM) et Nicola Pezolet (Université Concordia), des invités d’honneur du LEAP, nous ont accompagnés dans notre questionnement sur le didactisme, leurs contributions ayant complété et approfondi nos discussions. Les étudiants des cycles supérieurs ont aussi contribué à la vitalité de ce jour, ayant préparé des questions en réponse à chaque session, et donc mené la discussion tout au long. Ce numéro spécial prolonge les discussions et les débats qui se sont déployés lors du séminaire 2018, mais il s’agit aussi de la première production de recherche de « The Eco-Didactic Turn in Art and Design Installations for the Public Realm (1992-2017) », financée par le programme Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), 2018-2021. Ce projet de recherche rassemble les expertises de Carmela Cucuzzella, Cynthia Hammond et Jean-Pierre Chupin sur

le phénomène de « l’éco-didactisme » dans le domaine public. Enjambant le design environnemental, l’histoire de l’art et l’architecture, cette enquête interroge les pratiques d’art public et de design récentes au Canada, en particulier celles qui cherchent à transmettre des « leçons écologiques » à un large public, bien au-delà des usagers immédiats d’un lieu ou d’un site donné. Notre préoccupation concerne le contenu et l’expression de telles œuvres d’art et de design, et notre but est d’interpréter ces œuvres à travers leurs formes, leurs contextes et leurs messages5. Particle Falls par Andrea Polli et Chuck Varga installé à San José (USA) en 2010 est un exemple d’art écologique [Fig.1]. Cette œuvre permet de visualiser en temps réel la pollution particulaire dans le San Fernando Corridor. Accompagnée d’un panneau indiquant comment lire l’œuvre d’art, la projection devient bleu foncé lorsque la qualité de l’air ambiant se détériore. Il est clair que le but de ce travail est de rendre visible la qualité variable de l’air et ses implications. En tant que dispositif éco-didactique dans le domaine

public, Particle Falls pourrait bien encourager certains résidents et certains navetteurs à modifier leurs habitudes de mobilité pour adopter des modes de transport plus durables. Mais à quoi sert ce type d’art, audelà du désir d’informer? Comment sont financés ces projets et par qui? Sur qui repose la responsabilité d’un monde urbain plus durable? Quels outils ces projets offrent-ils au spectateur qui souhaite apporter des changements? Dans les nombreux cas où de telles « éco installations » opèrent dans un registre plus subtil, est-ce que l’œuvre d’art ou de design sacrifie ses objectifs environnementaux (et les autres axés sur la justice) lorsqu’elle prend une forme moins didactique? La prévalence croissante des projets éco-didactiques visant à sensibiliser les citoyens nous a amenés à examiner en quoi le didactisme est une caractéristique omniprésente, inégale et parfois indisciplinée de la ville contemporaine. La gamme des manifestations de ce phénomène est assez large allant du didactisme le plus explicite, quand l’architecture entend nous enseigner des leçons par sa structure même, à

Fig.1 : Particle Falls (Chutes de particules), Andrea Polli et Chuck Varga, San José, ÉU, 2010.

Carmela Cucuzzella et Cynthia Imogen Hammond

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l’édifice comme panneau d’affichage, en passant par ce langage visuel subtil et silencieux que l’architecture adresse aux flâneurs, jusqu’à la capacité́ même de choquer par des œuvres critiques dont l’intention vise clairement à déstabiliser. Le domaine urbain fait également partie d’un champ visuel didactique dans lequel la publicité́ , les plaques patrimoniales, l’art public et à Montréal, les cônes de signalisation orange, s’efforcent d’attirer notre attention, tandis que les signes pointent dans toutes les directions. La ville contemporaine est de plus en plus remplie d’instructions, bruyantes et silencieuses, qui dictent ce qu’on est et ce qu’on n’est pas autorisé à faire. Comment la pratique, l’histoire et la théorie de l’architecture peuvent-elles contribuer à notre compréhension de la communication, l’instruction et l’interaction avec le public dans l’environnement bâti? En tant que premier résultat de notre subvention Savoir, le troisième séminaire LEAP a abordé le didactisme dans les domaines de l’architecture, de l’urbanisme et de l’art dans la sphère urbaine. Le lecteur trouvera des textes traitant certains aspects de l’éducation architecturale (y compris les écoles dans lesquelles cet enseignement a lieu), mais notre réflexion n’est pas centrée sur la didactique de l’enseignement en studio. Les documents rassemblés explorent plutôt les manières dont le didactisme peut être à la fois une manifestation de forces hégémoniques et une résistance à ces mêmes forces. En d’autres termes, si ce regroupement de textes a un but collectif, c’est d’approfondir notre compréhension du recours potentiellement idéologique au didactisme : en tant que fait des villes contemporaines, comme stratégie de ceux qui ont du pouvoir (et de ceux qui n’en ont pas), et, parfois, de toute urgence.

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Introduction

Le lecteur verra que le cahier est divisé en quatre sections : 1) Le didactisme et les politiques de l’espace; 2) La poétique du déchiffrement; 3) Pédagogie et paradoxe; et 4) Du didactisme à la dialectique. La première partie aborde l’environnement bâti du point de vue que l’espace est toujours déjà politique. Le texte de Pelletier fournit un aperçu réfléchi des délibérations du séminaire annuel du LEAP, établissant des liens entre les contributions de la journée et les grands courants de l’art et l’architecture6. Cucuzzella souligne les messages écologiques de l’éco-art et du design dans le domaine public, ainsi qu’une gamme d’approches pouvant être utilisées pour évaluer les propriétés communicatives de ces œuvres. Hammond explore le recours idéologique au didactisme dans son propre projet artistique collaboratif qui a pris la forme d’une promenade didactique et performative à travers deux quartiers très différents de Montréal. La deuxième section révèle comment du contenu peut être lu à partir de l’environnement bâti. Bilodeau se concentre sur la signification indexicale en architecture, affirmant que les projets de design sont des opportunités pédagogiques, des expériences poétiques et des dispositifs faisant partie d’un système de relations particulières à l’échelle territoriale. Boudon présente, à travers le « templum », un principe cartographique permettant la représentation schématique du territoire en tant qu’« édification » et « territorialité ». Martin explore la question du didactisme en architecture urbaine à travers une analyse minutieuse de la bibliothèque MarcFavreau à Montréal, proposant que le langage de la forme bâtie transmette de l’information et parfois des actes

de langage en vue du déchiffrement et de l’interprétation. La troisième section montre comment le déchiffrage de l’environnement bâti peut déformer et même contredire sa nature. Chupin affirme, à travers une analyse comparative des déclarations des concepteurs ainsi que des discours critiques, que l’architecture des écoles d’architecture est une sorte de contre-exemple qui incarne les erreurs que les futurs architectes devraient éviter. Cormier, reprenant l’idée de la non-neutralité de l’architecture, utilise une stratégie de recherchecréation pour s’interroger en quoi le design peut sensibiliser les enfants d’âge scolaire à l’environnement bâti. Saurel et Theodore demandent comment les agencements architecturaux des bâtiments conçus pour l’éducation médicale s’alignent avec les agencements sociaux de l’éducation médicale, affirmant que ces édifices ne possèdent pas leur propre fonction didactique, mais reflètent plutôt le didactisme de la pédagogie médicale elle-même. La quatrième section se tourne vers le spectre entre dialectique et didactisme. Adamczyk explore ce spectre via l’exposition d’architecture en tant que forme équilibrée entre plaisir et enseignement. Pezolet examine une étude de cas architecturale précise, le pavillon chrétien à Expo 67, en tassant le terme didactisme pour découvrir les complexités qui se retrouvent à son point le plus exagéré et le plus moralisant. Enfin, à la fin de chaque section énumérée ci-dessus, l’un des étudiants affiliés au LEAP, en se basant sur leurs questions préparées pour le séminaire, propose des liens pertinents entre la question du didactisme en architecture et ses propres intérêts de recherche.


La notion du didactisme englobe l’intention (de l’architecte ou de l’artiste), la typologie (inhérente à la forme architecturale), l’affichage (dans les musées et dans la rue) et la réception (du public). Les auteurs de ce volume ont étudié ces aspects en réfléchissant à l’écologie, la mémoire, la justice spatiale, le territoire, les typologies et toutes les ambiguïtés que ces thèmes suggèrent. La rencontre de ces différents points de vue nourrit la richesse qui figure aux interstices entre les politiques, la poétique et les paradoxes de l’architecture. Ce cahier du LEAP révèle que, afin d’évaluer l’environnement bâti qui nous entoure, nous devons nous interroger sur ce qui pourrait sembler autrement (didactiquement) évident.

Notes 1

Lefebvre, Henri. 2009. Dialectical Materialism. Originally published in French in 1940 by Presses Universitaires de France: University of Minnesota Press.

2

Hattenhauer, Darryl. 1984. “The rhetoric of architecture: A semiotic approach.” Communication Quarterly 32 (1):71-77.

Gawlikowska, Anna P. 2013. “From Semantics to Semiotics, Communication of Architecture.” Architecturae et Artibus 1:50-61. Barthes, Roland. 1977. “Rhetoric of the Image.” In Image-Music-Text, edited by Stephen Heath, 32-51. New York: Hill and Wang. 3

Hegel, W.F. 1979. Phenomenology of Spirit. Oxford University Press.

Maybee, Julie E. 2016. “Hegel’s Dialectics.” In The Stanford Encyclopedia of Philosophy (Winter 2016 Edition), edited by Edward N. Zalta. 4

Ingraham, Catherine. 1992. “Architecture, Lament, Power.” Journal of Philosophy and the Visual Arts: 10-14.

5

Deleuze, Gilles, and Félix Guattari. 2013. Mille plateaux. Paris: Ed. de Minuit.

Markus, Thomas A. 1992. “Language Structure and Building Types.” Nordic Journal of Architectural Research (4): 35-48. 6

Pelletier, Louise. 2006. Architecture in Words: Theatre, Language and the Sensuous Space of Architecture. Routledge.

Carmela Cucuzzella et Cynthia Imogen Hammond

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On Didacticism in Architecture: Politics, Poetics, Paradoxes Carmela Cucuzzella and Cynthia Imogen Hammond

The third iteration of the Cahier de Recherche series of LEAP Notebooks takes as its subject didacticism in architecture, public art, and the urban realm.

The didactic potential of architecture has a long history of exploration and debate. This multifaceted, often contentious potential immediately summons language to the foreground: how does architecture speak? The answer is that it speaks all the time, in functional, structural, material, formal, technical, typological languages,1 and further via the semiotic registers of icon, index, and symbol.2 So, what does architecture say? The built environment is full of didactic, designed objects and buildings, which range from highly legible forms to those that are less explicit, more mysterious, even contradictory. This range of readability echoes the spectrum between didacticism, in which something is pointed out with the intent

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Introduction

to convince, and dialecticism, in which the possibility of more than one point of view is embraced.3 Even if architects do not intend that their designs be legible in some simplistic way, it is nonetheless true that every designed object emits a variety of messages to the user, client, or public. But how is this power used?4

issues? Should didacticism always be received with suspicion, as motivated, or dismissed as utopian? In short, what is the value of the didactic within the contemporary city? These were some of the questions that led us to propose the topic “On Didacticism in Architecture” for the third annual LEAP Seminar.

Didacticism in art raises similar questions. A work or art that aims to communicate clearly and directly can be criticized for being too literal, or - a more damning judgement - is recategorized as propaganda. And yet the moment when art loses its viewer is the moment when the viewer says to themselves, “I don’t get it.” “It” being the message, the point, the reason to keep looking - perhaps even the reason to take an action that previously had been unthought. What is art and architecture’s power to “speak” within the public realm? And how might this power influence social, cultural, political, ecological, educational, and economic

The third annual LEAP Seminar was held at Concordia University on April 7th, 2018. Our day-long engagement with didacticism brought together ten researchers, seven PhD students, and two master’s students affiliated with the LEAP laboratory. LEAP-affiliated researchers presented papers across a variety of subjects, which were divided into 4 sessions. The themes that emerged subsequently shaped the organization of this notebook. Professors Louise Pelletier (UQAM) and Nicola Pezolet (Concordia University), honoured guests of the LEAP, accompanied our journey into the question of didacticism, their


contributions complementing our offerings and deepening our discussion. The participating graduate students also shared in the vitality of the day, offering prepared questions in response to each session, and thus leading the discussion throughout. This special issue extends the discussions and debates that took place within the 2018 Seminar, but it is also the first research outcome of “The Eco-Didactic Turn in Art and Design Installations for the Public Realm (19922017)”, funded by the Insight Program of the Social Sciences and Humanities Research Council of Canada (SSHRC), 2018-2021. This research project gathers the expertise of Carmela Cucuzzella, Cynthia Hammond, and Jean-Pierre Chupin on the phenomenon of “eco-didacticism” in the public realm. Straddling environmental design, art history, and architecture, this investigation interrogates recent public art and design in Canada, specifically art and design that seeks to impart “eco-lessons” to wide audiences, well beyond the immediate users of a given space, or site. Our preoccupation encompasses the content and expression of such works of art and

design, and our aim is to read these works through their form, materials, context, and message.5 An example of an eco-art work is Particle Falls by Andrea Polli and Chuck Varga installed in San José (USA) in 2010 [Fig.1]. This work provides a real-time visualization of particulate pollution in the San Fernando Corridor. Accompanied by a billboard announcing how to read the work of art, the projection turns dark blue when the quality of the surrounding air deteriorates (Figure 1). Clearly, the intent of this work is to render variable air quality, and its implications, visible. As an eco-didactic device in the public realm, Particle Falls may well encourage some residents and commuters to shift their mobility habits to more sustainable modes of transport. But what purposes, beyond the desire to inform seen here, do such works of art serve? How are they being funded, and by whom? Upon whose shoulders is the responsibility for a more sustainable urban realm being placed? What actual tools do such works offer the viewer who wants to make change? In the many instances where such “eco-installations” operate in a subtler

register, does the work of art or design sacrifice environmental (and other justice-oriented) objectives when it takes a less didactic form? The growing prevalence of eco-didactic projects aiming to mobilize citizen awareness has led us to consider how didacticism is a ubiquitous, uneven, and sometimes unruly feature of the contemporary city. We can see this presence across a range of forms and expressions: overt didacticism in which architecture aims to teach us lessons through structure; the building as billboard; the subtle nature of architecture’s visual language as a way of quietly speaking to passersby, and; the shock value of critical works whose intention is to unsettle and critique the status quo. The urban realm is also part of a didactic visual field in which advertising, heritage plaques, public art and - in Montreal, orange traffic cones - strive for our attention, while signs point in all directions. The contemporary city is, increasingly, filled with instructions, loud and quiet, on what one is, and what one is not, allowed to do. How can the practice, history, and theory of architecture contribute to our understanding of communication,

Fig.1 : Particle Falls, Andrea Polli and Chuck Varga, San José, USA, 2010.

Carmela Cucuzzella and Cynthia Imogen Hammond

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instruction, compulsion, and interaction with the public, in the built environment?

walk through two very different Montreal neighbourhoods.

As the first result from our Insight funding, the third LEAP Seminar mused upon didacticism in architecture, urban planning, and art in the urban realm. The reader will find texts here that address aspects of architectural education (including the schools in which this education takes place), but our reflection is not centred on the didactics of studio teaching. Instead, the papers collected here explore the ways in which didacticism can be both the manifestation of hegemonic forces, and resistance against those same forces. In other words, if this assembly of texts has a collective purpose, it is to deepen our understanding of the potentially ideological recourse of didacticism: as a fact of contemporary cities; as a strategy of those in power (and those without); and - sometimes - as urgently necessary.

The second section unveils how content may be read from the built environment. Bilodeau focuses on indexical signification in architecture, arguing that design projects are pedagogical opportunities, poetic experiences, and devices that form part of a system of particular relations on a territorial scale. Boudon presents, through the “templum”, a cartographic principle that allows the schematic representation of territory as both “edification” and “territoriality”. Martin explores the question of didacticism in urban architecture through a careful analysis of the Marc-Favreau Library in Montreal, proposing that the language of built form conveys information but sometimes also a speech act, that awaits decryption and interpretation.

The reader will find that the Notebook is divided into four sections: 1) Didacticism and the Politics of Space; 2) The Poetics of Decoding; 3) Pedagogy & Paradox and; 4) From Didacticism to Dialecticism. The first section approaches the built environment from the perspective that space is always, already political. Pelletier’s paper provides a thoughtful overview of the deliberations that took place at the LEAP annual seminar, drawing connections between the papers and larger currents in art and architecture.6 Cucuzzella highlights the ecological messages of eco-art and design in the public realm, as well as a range of approaches that could be used to assess the communicative properties of such works. Hammond explores the ideological recourse to didacticism in her own collaborative, site-responsive public artwork, which took the shape of a didactic and performative

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Introduction

The third section shows how the reading of the built environment can distort and even contradict its very nature. Chupin argues, through comparative analyses of designers’ statements and critical discourses, that the architecture of architecture schools acts as a kind of experiential counter-example that embodies the mistakes that future architects should avoid. Cormier, taking up the idea of the non-neutrality of architecture, utilizes a research-creation strategy to ask how design might sensitize schoolage children to the built environment. Saurel and Theodore ask how the architectural arrangements of buildings designed for medical teaching align with the social arrangements of medical education, arguing that these buildings do not possess their own didactic purpose, but rather reflect the didacticism of medical pedagogy itself. The fourth section draws the reader’s attention to the spectrum between dialecticism and didacticism. Adamczyk explores this spectrum

via the architectural exhibition as a form balanced between pleasure and instruction. Pezolet investigates a specific architectural case study that pushes the term didacticism to discover the complexities that can be found at its furthest, moralizing edge, the Christian Pavilion at Expo 67. Finally, at the end of each section listed above, one of the LEAP graduate students builds from the questions that they prepared for the seminar, offering insightful connections between the question of didacticism in architecture and their own research interests. The notion of didacticism encompasses intention (of the architect or artist), typology (inherent to architectural form), display (within museums, and on the street), and reception (by the public). The contributors to this volume have investigated each of these areas by reflecting on ecology, memory, spatial justice, territory, typologies, and all the ambiguities that these themes suggest. The encounter of these diverse points of view nourishes the richness that is always waiting at the interstices between the politics, poetics, and paradoxes of architecture. This LEAP Notebook reveals that in order to evaluate the built environment that surrounds us, we need to ask questions about what might otherwise seem (didactically) obvious.


Notes 1

Lefebvre, Henri. 2009. Dialectical Materialism. Originally published in French in 1940 by Presses Universitaires de France: University of Minnesota Press.

2

Hattenhauer, Darryl. 1984. “The rhetoric of architecture: A semiotic approach.” Communication Quarterly 32 (1):71-77.

Gawlikowska, Anna P. 2013. “From Semantics to Semiotics, Communication of Architecture.” Architecturae et Artibus 1:50-61. Barthes, Roland. 1977. “Rhetoric of the Image.” In Image-Music-Text, edited by Stephen Heath, 32-51. New York: Hill and Wang. 3

Hegel, W.F. 1979. Phenomenology of Spirit. Oxford University Press.

Maybee, Julie E. 2016. “Hegel’s Dialectics.” In The Stanford Encyclopedia of Philosophy (Winter 2016 Edition), edited by Edward N. Zalta. 4

Ingraham, Catherine. 1992. “Architecture, Lament, Power.” Journal of Philosophy and the Visual Arts: 10-14.

5

Deleuze, Gilles, and Félix Guattari. 2013. Mille plateaux. Paris: Ed. de Minuit.

Markus, Thomas A. 1992. “Language Structure and Building Types.” Nordic Journal of Architectural Research (4): 35-48. 6

Pelletier, Louise. 2006. Architecture in Words: Theatre, Language and the Sensuous Space of Architecture. Routledge.

Carmela Cucuzzella and Cynthia Imogen Hammond

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Biographies Directrices scientifiques du numéro Dr. Carmela Cucuzzella is an associate

Dr. Cynthia Imogen Hammond

professor in Design and Computation

is Professor of Art History, Concordia

Arts at Concordia University. She holds

University, where she holds the 2018

a university research chair in Integrated

University Research Award in the category

Design, Ecology, and Sustainability for

of “The Person and Society”. Hammond

the Built Environment (IDEAS-BE). Her

has published numerous essays and one

upcoming book, Mapping Environmental

book on art, architecture, gender, and urban

Architecture, analyses 29 buildings from

landscapes. A practising artist, Hammond’s

around the world to reveal the vast

research-creation projects are documented at

diversity of material, constructive, formal,

cynthiahammond.org. Hammond is currently

and structural languages manifest in

the Lead Co-Director of Concordia’s Centre

environmental architecture today.

for Oral History & Digital Storytelling.

Chercheur(e)s du LEAP Georges Adamczyk est professeur

David Theodore is Canada Research

Anne Cormier est professeure agrégée

titulaire à l’École d’architecture de l’Université

Chair in Architecture, Health and Computation

à l’École d’architecture de l’Université

de Montréal depuis 1999. Il est critique,

at the McGill University Peter Guo-hua Fu

de Montréal qu’elle a dirigée de 2007 à

commissaire et chercheur au Laboratoire

School of Architecture.

2015 et cofondatrice de l’Atelier Big City

d’étude de l’architecture potentielle (LEAP).

(Cormier, Cohen, Davies, architectes).

De 1992 à 1999, il a dirigé le Centre de

Denis Bilodeau a obtenu son

Elle est membre du Comité consultatif

design de l’UQAM. Depuis 1999, il est

diplôme en architecture à l’Université

de l’urbanisme, du design et de l’immobilier

responsable du programme des expositions

Laval et a poursuivi des études de

de la Commission de la capitale

de la faculté de l’aménagement au Centre

maîtrise à l’Université Columbia avant

nationale d’Ottawa. Elle s’intéresse

d’exposition de l’Université de Montréal. Il

d’obtenir un doctorat à l’Université de

à l’impact de l’architecture sur l’intérêt

est membre du conseil d’administration de la

technologie de Delft aux Pays-Bas. Il est

et la qualité de l’environnement vécu.

Maison de l’architecture du Québec (MAQ).

maintenant professeur titulaire à l’École d’architecture de l’Université de Montréal.

Jean-Pierre Chupin est professeur à

Louis Martin est professeur titulaire au Département d’histoire de l’art de

l’Université de Montréal et titulaire de la

Pierre Boudon (1942) est

l’UQAM. Ses travaux portent sur la théorie

Chaire de recherche sur les concours et les

professeur-chercheur au sein du LEAP.

de l’architecture moderne et postmoderne.

pratiques contemporaines en architecture

Nombreuses publications dans les

Il est l’éditeur de « Pour une définition

et codirige le Laboratoire d’Étude de

différentes revues de sémiotique,

de l’architecture au Québec » et

l’Architecture Potentielle (LEAP) https://

linguistiques et architecturales, autour

autres essais sur Melvin Charney,

leap-architecture.org. Il a récemment publié

de la notion de < lieux >. Plusieurs livres

publié par Potential Architecture

« Concourir à l’excellence en architecture

dont le plus récent,L’architecture des lieux,

Books, 2018. Il a publié notamment

(éditoriaux du CCC, 2006 - 2016) en 2016,

Sémantique de l’édification et du territoire

dans Log, Assemblage, Future

en anglais en 2017.

(Infolio, 2013).

Anterior et ARQ.


Chercheur(e)s invité(e)s Louise Pelletier est architecte de

Nicola Pezolet est professeur au

formation. Professeure à l’École de design

Département d’Histoire de l’Art de l’Université

de l’UQAM depuis 2006, elle a été directrice

Concordia. Il a reçu un doctorat en histoire,

du programme de premier cycle en design

théorie et critique de l’art et de l’architecture

de l’environnement de 2008 à 2012 et

du MIT. Ses projets de recherche actuels

directrice de l’École de design de 2014 à

portent notamment sur le renouveau de

2017. Elle est actuellement directrice du

l’ameublement décoratif et dévotionnel des

Centre de design de l’UQAM. Ses articles

églises catholiques au courant du vingtième

ont été publiés dans des revues

siècle, et la couverture médiatique entourant

d’architecture et de design au Canada,

les réformes religieuses des années

aux États-Unis et en Europe.

d’après-guerre.

Doctorant(e)s Mandana Bafghinia is a PhD student

Sherif Goubran is a PhD student in

Alessandra Mariani est candidate au

in architecture at University of Montreal

the Individualized Program at Concordia

doctorat en histoire de l’art à l’Université du

and in cotutelle program with University of

University and a Vanier Scholar. His

Québec à Montréal. Sa recherche doctorale

Lyon 2 in geography and urban planning.

interdisciplinary research is focused on

examine les stratégies adoptées par l’agence

She is conducting interdisciplinary research

sustainable building practices within the

new-yorkaise Diller Scofidio + Renfro pour

on the skyscrapers as a transitional object

fields of design, building engineering and

élargir le champ d’intervention architectural

within the architectural and the urban fields,

finance. His PhD research investigates the

et actualiser le rôle de l’architecte

focuses specifically on their summits, which

alignment between sustainable practices

contemporain. Alessandra a fondé et dirige

are interpreted as dialogic constructs that

and global sustainability goals. Sherif

la revue Muséologies, et enseigne la théorie

transgress the opposition between seeing

holds a BS in architecture and a MASc

et l’histoire de l’architecture du mouvement

and being seen.

in building engineering.

moderne à l’UQAM.

Chanelle Lalonde is a PhD candidate

Alexandra Paré est doctorante à l’École

Philippe Saurel is a Master’s degree

in art history at McGill University. Her

d’architecture de l’Université de Montréal.

student at the McGill University Peter Guo-

research interests include ecological

Elle détient une maitrise en aménagement

hua Fu School of Architure.

aesthetics, theories of posthumanism,

de l’Université de Montréal, un baccalauréat

as well as inter- and transdisciplinary

en design de l’environnement de l’UQAM

creative practices. Prior to pursuing her

et un baccalauréat en éducation

studies at McGill, Chanelle obtained

de l’Université d’Ottawa. Elle mène

an MA in art history from Concordia

des recherches sur la relation entre

University (2018), and a BFA in Painting

principes architecturaux et théories du

and Drawing from the University

développement de l’enfant dans l’architecture

of Ottawa (2016).

scolaire contemporaine.


La troisième édition de la série Cahier de recherche du LEAP Notebooks est consacrée au didactisme dans l’architecture, l’art public et le monde urbain. Le potentiel didactique de l’architecture et de l’art s’inscrit dans une longue histoire d’exploration et de débat. Ce potentiel souvent controversé présente de multiples facettes et place la question du langage au premier plan. L’environnement bâti regorge d’objets conçus de manière didactique : certains sont très explicites, et d’autres plutôt implicites, mystérieux, voire même contradictoires. Une œuvre qui vise à communiquer clairement et directement risque d’être critiquée pour son caractère trop littéral, ou pire, d’être catégorisée comme propagande. Pourtant, une

Georges Adamczyk Mandana Bafghinia Denis Bilodeau Pierre Boudon Jean-Pierre Chupin Anne Cormier

alors un véritable spectre entre didactisme, dans lequel quelque chose est signalé avec l’intention de convaincre, et dialectique, dans laquelle la possibilité de la pluralité des points de vue est centrale.

Carmela Cucuzzella

Quelles capacités possèdent l’art et l’architecture quand il s’agit de « parler » dans la sphère publique sociaux, culturels, politiques, écologiques, pédagogiques, et économiques ? Est-ce que

Cynthia Imogen Hammond

pour son caractère utopique ? En somme, quelle est la valeur du didactisme dans la ville contemporaine ? Numéro coordonné par Carmela Cucuzzella, Cynthia Imogen Hammond, Chanelle Lalonde et Sherif Goubran

The third edition of the Cahier de Recherche series of LEAP Notebooks takes as its subject didacticism in architecture, public art, and the urban realm. The didactic potential of architecture and art has a long history of exploration, and debate. This multifaceted, often contentious potential immediately summons language to the foreground. The built environment is full of didactic designed objects, which range from highly legible forms to those that are less explicit, more mysterious, even contradictory. A work of art that aims to communicate clearly and directly can be criticized for being too literal, or - a more damning judgement - is recategorized as propaganda. A work that is not at all legible may too be criticized for isolating the viewer. This range echoes the spectrum between didacticism, in which something is pointed out with the intent to convince, and dialecticism, in which the possibility of more than one point of view is embraced. What is art and architecture’s power to “speak” within the public realm? And how might issues? Should didacticism always be received with suspicion, as motivated, or dismissed as utopian? In short, what is the value of the didactic within the contemporary city? Issue coordinated by Carmela Cucuzzella, Cynthia Imogen Hammond, Chanelle Lalonde and Sherif Goubran

Sherif Goubran

Chanelle Lalonde Alessandra Mariani Louis Martin Alexandra Paré Louise Pelletier Nicola Pezolet Philippe Saurel David Theodore


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